Carnet de Bord
Vers un traité international visant à encadrer l'usage des robots-tueurs ?
Lundi 29 et mardi 30 avril 2024, une conférence soutenue par les Nations Unies s'est tenue pour infléchir une réflexion autour de l'encadrement des "robots-tueurs". L'objectif de cette conférence est de réunir les États afin de commencer les négociations visant à élaborer un traité international. Le Secrétaire général de l'ONU devra ensuite remettre un rapport sur le sujet d'ici l'été prochain.
Dès le précédent mandat, je me suis emparé du sujet au regard du développement de ces armes alors même qu'aucun encadrement ne semblait l'accompagner. En 2018, j'ai souhaité posé une question écrite à la ministre des armées, Florence Parly, afin de savoir comment le Gouvernement se positionnait face au déploiement de ces armes qui contrevient aux principes du droit humanitaire.
Les armes létales autonomes, surnommées "robot-tueurs" sont initialement des appareils visant à assurer des missions de surveillance pendant les conflits. Néanmoins, leur développement a entraîner l'extension de leur utilisation pour cibler des points précis dans des zones de conflits, afin de détruire, voire tuer, sans intervention militaire humaine. C'est pourquoi, ce type d'armes suscite d'importantes préoccupations morales, juridiques et sécuritaires.
Des préoccupations morales d'abord : Programmée par un algorithme, leur utilisation ne prend pas en compte l'aspect empathique et la conscience de supprimer une vie humaine. Elles pourraient également être détournées ou utilisées de manière abusive, sans réel contrôle possible.
Des préoccupations juridiques ensuite et sécuritaire : Un algorithme n'est pas en capacité de respecter le droit international. Bien que leur utilisation soit encore aujourd'hui supervisée par des soldats humains, il est difficile de déterminer précisément leur impact ainsi que les zones ciblées. Ainsi, leur utilisation et leur potentiel abus tend à bafouer le droit international humanitaire en pénalisant la sécurité du travail des équipes humanitaires sur place ainsi que la protection des personnes civiles dans les zones de conflits.
Il est essentiel de rester vigilant sur le sujet afin que les États puissent trouver des règles précises pour encadrer voire interdire les robots-tueurs. Je salue ainsi la volonté de l'ONU de s'emparer de ce sujet majeur qui pourrait avoir un impact désastreux sur notre humanité.